Fête de la Croix glorieuse : pourquoi est-ce qu'on la célèbre ?
La fête de la Croix glorieuse s’appelait d’abord « Exaltation de la sainte Croix »
Son nom grec est « exaltation de la précieuse et vivifiante croix ». On touche ainsi ce qui rend la Croix glorieuse : par le sacrifice du Christ, elle nous rend la vie perdue par le péché. Saint Paul en donne une vision grandiose : « Dieu s’est plu à faire habiter en [son Fils] toute la plénitude, à réconcilier tous les êtres par Lui et pour Lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix » (Col 1, 19).
Dans la symbolique chrétienne, la croix présente un double visage. Dans le contexte de la passion et de la mort violente de Jésus, les évangiles évoquent la croix en tant qu’instrument de torture et gibet d’infamie. A cet égard, la croix ne mérite évidemment pas de devenir un objet de vénération.
Très tôt, les chrétiens ont vu dans la croix, plutôt qu’un accessoire meurtrier, l’image du sacrifice par lequel Jésus nous affranchit du péché et de la mort. L’apôtre Paul, déjà, écrit en conclusion de son épître aux Galates : « Pour moi, il n’y a pas d’autre titre de gloire que la croix de notre Seigneur Jésus Christ » (6.14). Dans l’hymne au Christ qui ouvre l’épître aux Colossiens, on peut lire : « II a plu à Dieu de faire habiter (en son Fils) toute la plénitude et de tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, ayant établi la paix par le sang de sa croix » (1,20; cf. 2,13-15). En ce sens, la croix du Christ peut être dite « glorieuse » : telle est la signification de la fête d’aujourd’hui.
L’évangile de la fête joue sur le double sens du verbe « élever » : élever sur la croix et élever dans la gloire. La référence à Moïse et au serpent d’airain sert ici de parabole prophétique. Dans un autre passage du quatrième évangile, Jésus déclare ; « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes », et l’évangéliste d’ajouter : « Par ces paroles, il indiquait de quelle mort il allait mourir » (12,32-33). En même temps qu’elle donne la mort. la crucifixion symbolise la victoire sur la mort.
La « Croix glorieuse »
Lorsque Jésus en fut chargé pour monter au calvaire, sa croix n’avait rien de glorieux, c’était l’instrument de supplice le plus avilissant. Paul, comme citoyen romain (Ac 22,25}, avait eu droit à la forme la plus élégante de mise à mort, l’épée. Mais Jésus n’était qu’un vulgaire condamné, livré a l’occupant romain. Ce fut la grande prouesse de Dieu, que de transformer cet odieux instrument de supplice en croix glorieuse, par la résurrection. Même la croix du bon larron devint glorieuse, car elle fut, elle aussi, porte d’entrée du paradis (Lc 23,43).
Les croix des premières églises étaient glorieuses, comme celle que l’empereur Constantin aperçut dans sa vision. C’était une croix de lumière, signe de résurrection. Plus tard, lorsqu’on représenta le Christ en croix, c’était d’abord comme ressuscité, ou dans l’habit du grand prêtre (He 4,14-15).
Au Moyen-Age, les misères des populations incitèrent à exprimer la solidarité de Jésus avec les souffrances humaines. De symbolique, l’image devint réaliste. Mais le temps est venu de représenter à nouveau le Christ ressuscité et glorieux sur les croix de nos églises.
Source La Croix