Qu’est-ce que le sacrement de pénitence et de réconciliation ?
Ce sacrement est le signe de l´amour infini de Dieu. Le pardon de Dieu est toujours possible, si nous faisons une démarche vraiment sincère. En se reconnaissant pécheur, nous croyons que l´Amour infini de Dieu est toujours le plus fort. Le dialogue avec un prêtre est le signe efficace de la réconciliation avec Dieu et avec nos frères.
Le pardon de Dieu est exprimé par les paroles du prêtre: « Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde ; par la mort et la résurrection de son Fils il a réconcilié le monde avec lui et il a envoyé l’Esprit-Saint pour la rémission des péchés : par le ministère de l’Eglise qu’il vous donne le pardon et la paix. »
« Le pardon de nos péchés n’est pas quelque chose que nous pouvons nous donner à nous-mêmes. Je ne peux pas dire : je me pardonne mes péchés. Le pardon se demande, il se demande à quelqu’un d’autre et dans la confession, nous demandons à Jésus son pardon.
Le pardon n’est pas le fruit de nos efforts, mais c’est un cadeau, un don de l’Esprit-Saint, qui nous comble dans le bain régénérant de miséricorde et de grâce qui coule sans cesse du cœur grand-ouvert du Christ crucifié et ressuscité.
"C’est seulement si nous nous laissons réconcilier dans le Seigneur Jésus avec le Père et avec nos frères que nous pouvons être vraiment dans la paix"
Et cela, nous l’avons tous ressenti dans notre cœur lorsque nous allons nous confesser, avec un poids sur l’âme, un peu de tristesse; et quand nous recevons le pardon de Jésus, nous sommes en paix, avec cette paix de l’âme qui est si belle et que seul Jésus peut donner, lui seul. » Pape François audience générale, 19 février 2014
Qu’est-ce que le péché ?
Le péché est une offense faite à Dieu : « Contre toi, toi seul, j’ai péché. Ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait » (Ps 51, 6). Le péché se dresse contre l’amour de Dieu pour nous, et en détourne nos cœurs. Catéchisme de l’Église catholique (§ 1849, 1850).
Le péché est un manque d´amour envers Dieu, envers son prochain et envers soi-même. C’est une action, ou une intention, voire une parole dite, en toute liberté, pour commettre le mal. Il entraîne, pour celui qui l’a commis un éloignement de la justice, de la vérité, de Dieu qui est amour.
Quand se confesser ?
L’Église demande aux chrétiens de se confesser au moins une fois par an avant Pâques. On peut le faire régulièrement, avant chaque grande fête par exemple. Ce peut être aussi une fois par mois ou à un rythme déterminé avec un accompagnateur. On peut en effet aussi vivre cette rencontre sacramentelle encore plus fréquemment comme un acte de foi ou parce que l’on porte des choses lourdes.
En revanche, il n’est pas souhaitable de se confesser tous les jours ! Porter son péché est aussi une expérience spirituelle. Nous ne sommes pas dans une conception « hygiéniste » de la confession où il faudrait enlever une tâche dès qu’elle apparaît, mais dans l’approfondissement de la qualité d’une relation avec Dieu qui se dévoile toujours davantage comme infiniment miséricordieux.
Pourquoi me confesser : je n’ai rien à dire / je dis toujours la même chose ?
On est parfois découragé de se confesser en pensant que l’on recommencera les mêmes péchés. Il est certain que la confession ne nous transforme pas complètement. Mais le sacrement du pardon nous met dans l’humilité devant Dieu qui nous aime malgré notre faiblesse et cette rencontre est essentielle.
Parfois, on ne voit pas en quoi consistent nos péchés, on ne sait pas quoi dire. On n’a parfois l’impression que l’on n’a pas de péchés. Cependant, si nous ne voyons pas nos péchés, nos voisins, eux, les connaissent. St Jean dit « Si nous disons que nous n’avons pas péché, la vérité n’est pas en nous » (1 Jn 1,8-10). Si on a l’impression de n’avoir rien à dire, c’est le signe qu’il y a quelque chose à changer dans sa vie.
Il arrive que l’on se confesse rarement par ce qu’on n’en éprouve pas le besoin. Si on comprend bien ce qu’est ce sacrement… notre participation ne repose pas seulement sur un besoin ressenti, mais sur la conviction de son importance pour notre relation avec Dieu.
Comment se préparer à recevoir ce sacrement ?
Se préparer au sacrement de pénitence et de réconciliation cela signifie se placer déjà sous le regard d’amour de Dieu, en choisissant un passage de la Parole de Dieu pour y discerner son appel.
Cela signifie aussi regarder sa vie traversée d’amour et de péché, et se rapprocher du Seigneur pour qu’il nous aide à discerner.
Avant d’aller voir le prêtre, n’hésitez pas à prendre un temps pour relire votre vie – spirituelle, familiale, professionnelle…- La parole de Dieu peut vous aider à vous mettre sous son regard avec simplicité et vous demander ce que l’évangile vous appelle à vivre.
Ce qui était autrefois nommé « examen de conscience » est plutôt un appel à vivre en cohérence avec soi-même, avec ses convictions et avec les paroles du Christ. Notre seule conscience ne suffit pas à nous guider. C’est la confrontation au modèle de vie incarnée en Jésus-Christ qui confère la dimension de péché à un acte, une pensée.
Il faut différencier la faute et le péché. La faute n’est le fruit que de la confrontation à la simple loi morale, alors que le péché n’existe que lorsque l’on se présente sous le regard d’amour de Dieu.
Quelle différence entre confession, réconciliation et pénitence ?
La confession est le nom traditionnel désignant autrefois l´ensemble du sacrement de pénitence et de réconciliation. En fait, la confession n´est qu´une partie du sacrement. Elle est cette reconnaissance de l’amour fidèle de Dieu et de la rupture d’alliance que notre attitude a occasionnée.
La réconciliation est l’acte gratuit par lequel Dieu pardonne au pécheur repentant et le réintroduit dans sa paix, grâce au Christ mort et ressuscité, en qui tous les péchés sont pardonnés. Depuis quelques années, on parle plus volontiers de « sacrement de la réconciliation » à propos de la confession.
La pénitence : « Faire pénitence », c’est implorer le pardon de Dieu. Le mot s’est peu à peu confondu avec les diverses pratiques de pénitence. Pour l’essentiel, la pénitence vise à la réparation de la faute commise. Elle est le signe de la « conversion » à laquelle le Christ nous a tous appelés : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » (Mc 1, 15).
Pourquoi se confesser à un prêtre et pas directement à Dieu ?
C’est Jésus qui dit à ses apôtres : « Ceux à qui vous pardonnerez leurs péchés seront pardonnés ; ceux à qui vous ne les pardonnerez pas ne seront pas pardonnés » (Jn, XX, 19-23). Les apôtres et leurs successeurs – les évêques et les prêtres, leurs collaborateurs – deviennent des instruments de la miséricorde divine. Ils agissent in persona Christi, c’est très beau. Et cela prend une signification profonde, parce que nous sommes des êtres sociaux. Si tu n’es pas capable de parler de tes erreurs avec ton frère, tu peux être sûr que tu seras incapable d’en parler, même avec Dieu ; et tu finis par te confesser devant ton miroir, devant toi-même. […]
Se confesser devant un prêtre est une façon de remettre ma vie entre les mains et le cœur d’un autre, qui , à cet instant, agit au nom et pour le compte de Jésus. C’est une façon d’être concret et authentique : se mettre face à la réalité en regardant une autre personne, et non soi-même reflété dans un miroir.[…] C’est vrai, je peux parler avec le Seigneur, Lui demander immédiatement pardon, L’implorer. Et le Seigneur pardonne, tout de suite. Mais il est important que j’aille au confessionnal, que je me mette face à un prêtre qui représente Jésus, que je m’agenouille devant la Mère de Dieu. […]
Souvenons-nous que nous ne sommes pas là avant tout pour être jugés. Il est vrai qu’il y a un jugement dans la confession, mais cette dernière implique quelque chose de plus grand que le jugement. C’est le fait de se retrouver face à un autre qui agit in persona Christi, pour accueillir et pardonner. C’est la rencontre avec la miséricorde.
Pape François « Le nom de Dieu est Miséricorde »
Pour reconnaître notre manque d’amour, encore faut-il pouvoir connaître ce qu’est l’Amour.
Mgr Lustiger aimait à dire au début de la messe : « Demandons la grâce de nous reconnaître pécheurs». Reconnaître nos manques d’amour, de charité, notre péché, ce mal que l’on est capable de faire en conscience, c’est une grâce venue de Dieu pour nous ramener vers Lui. Pour reconnaître notre manque d’amour, encore faut-il pouvoir connaître ce qu’est l’Amour. A quoi reconnait-on l’Amour ? St Jean répond « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est Dieu qui nous a aimés et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés » 1Jn4, 10
Reconnaître l’amour infini de Dieu
La grâce est première. Il nous faut donc connaître, reconnaître d’abord l’Amour de Dieu pour nous, afin de pouvoir voir, reconnaître vraiment notre péché face à cette Bonté infinie.
C’est pourquoi le Rituel du Sacrement de la Réconciliation recommande de choisir un passage de l’Evangile pour nous aider à préparer notre confession : confesser l’Amour de Dieu, lui rendre grâce pour tous ses bienfaits avant de confesser mon péché. Ce n’est qu’à la lumière de sa Bonté dans ma vie quotidienne et par sa Révélation, sa Parole, que je peux connaître Dieu, son Amour, sa Miséricorde, et donc, en même temps, mes manques. Sans cette connaissance de l’Amour infini de Dieu, qui est premier, il pourrait y avoir le risque d’une introspection malsaine, ou bien au contraire d’une conversion qu’on croirait pouvoir réussir à la force du poignet.
« Dieu est lumière, il n’y a pas de ténèbres en Lui. Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous. Si nous reconnaissons notre péché, lui qui est fidèle et juste va jusqu’à pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice. » 1 Jn 5
Se laisser éclairer par l’Esprit Saint
Recevoir le sacrement de la Réconciliation, et aussi s’y préparer, permet de nous laisser éclairer par l’Esprit Saint, de laisser revenir la Lumière et la Vérité jusqu’au plus profond, au plus intime de nos pensées, permettre à Dieu de les purifier et de nous restaurer à son Image. « Amour et Vérité se rencontrent, Justice et paix s’embrassent » Ps 84.
« Dieu est infiniment bon et toutes ses œuvres sont bonne (Catéchisme de l’Eglise catholique 385). Notre société a perdu le sens du péché parce qu’elle a perdu le sens de la Miséricorde ! Elle ne connaît pas l’Amour de Dieu, elle ne sait pas que « La bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres » Ps 144. C’est pourquoi nous sommes blessés, méfiants, jaloux, nous cédons à l’esprit de convoitise… Or il n’y a pas de calcul en Dieu, la stratégie est un fonctionnement à l’opposé de Dieu, il y a une forme de folie, de disproportion de l’Amour de Dieu qui ne sait pas compter ! Il est dit de La Sagesse, lorsqu’Elle a présidé à la Création du monde, qu’Elle joue, qu’Elle s’amuse en créant, comme une danse, expression poétique de la gratuité, de la surabondance du Don de Dieu…Innocence, joie, esprit d’enfance… Contempler cela, permet de nous resituer par rapport à Dieu, de nous émerveiller : « la grâce est première ».
« Si quelqu’un dit ‘j’aime Dieu’ alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur » 1 Jn 4, 19.
Dieu se donne à aimer à travers nos frères, les relations blessées avec eux sont autant d’appel à notre propre conversion. Le mot « haine » ici est fort, mais, pour nous, ce peut être l’amertume, la rancœur, la jalousie, qui peuvent parfois s’installer et saper nos relations avec les autres, directement ou insidieusement, et nous empêcher de connaître et demeurer dans cette Joie profonde promise par le Christ (Jn 15), nous empêcher de La laisser se communiquer. St Ignace de Loyola recommande de toujours prêter une bonne intention à notre prochain.
La pensée de Dieu est Bonne. En Genèse 2 et 3, il est très intéressant de voir comment le serpent réussi à faire tomber Eve : Il introduit d’abord le soupçon sur l’intention de Dieu en biaisant sa Parole « alors Dieu vous a vraiment dit, vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin ? » puis ensuite il lui prête une mauvaise intention, éveillant la convoitise d’Eve : « pas du tout ! vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal » L’erreur d’Eve est de l’écouter et d’accorder du crédit à cette fausse image de Dieu qui voudrait exercer un pouvoir sur nous alors que son désir est d’épanouir notre liberté.
Après la chute vient la peur, conséquence de la méfiance à l’égard de Dieu. Nous faisons aussi cette expérience avec nos proches et avec Dieu, comme Adam et Eve dans le jardin, on n’a plus confiance en Lui, en son Amour qui n’est que Bonté, on a peur de son jugement, on prête de mauvaises intentions à ceux qui nous blessent, cela fausse les relations, crée amertume et jalousies, blessures, ruptures… Lorsque Dieu se promène ensuite tranquillement comme à son habitude dans le jardin, Adam lui se cache… Nous aussi nous nous cachons, de Dieu, de nos frères, nous nous cachons à nous-mêmes…
Au fond c’est cela notre péché : « le péché c’est ce qui nous sépare de Dieu », ce qui nous fait perdre la joie de la confiance filiale.
Père Emmanuel Coquet, secrétaire général adjoint, CEF
Contrition, absolution, de quoi parlons-nous ?
La contrition désigne l’attitude de la personne qui reconnaît avoir mal agi, regrette d’avoir blessé l’amour des autres et de Dieu. Cette attitude conduit à vouloir changer sa manière de penser et de vivre, et à réparer les dommages causés aux autres et à soi-même.
L’absolution : le prêtre « remet en route » la personne lorsqu´il pardonne les péchés, au nom du Christ. Le pardon permet de renouer avec Dieu les liens rompus par le péché. Dans cet acte sont engagés le prêtre qui donne l´absolution et le pénitent qui manifestera, ensuite, dans sa vie, les fruits du pardon.
Source : Église catholique en France
Édité par la Conférence des évêques de France